J'ai décidé de vous soumettre une nouvelle de 5340 signes :
" LA NOUVELLE FAMILLE DU PETIT POUCET
Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants, tous des garçons. L'aîné n'avait que dix ans et le plus jeune n'en avait que sept. On s'étonnera que le bûcheron ait eu autant d'enfants en si peu de temps, mais c'est que sa femme allait vite en besogne et n'en faisait pas moins de deux à la fois. Ils étaient fort pauvres et leurs sept enfants les incommodaient beaucoup parce qu'aucun d'eux ne pouvait encore gagner sa vie.
Le Petit Poucet avait déjà passé une bonne partie de l'après-midi à cueillir des myrtilles, mais cela l'avait emmené de plus en plus loin dans la forêt. Et maintenant il ne sait plus quelle est la bonne direction pour rentrer chez ses parents... il erre comme un malheureux avec son panier de myrtilles durant un bon moment. Il est seul et il s'inquiète de devoir passer la nuit dans les bois. Voyons, d'habitude, il arrive à retrouver son chemin sans difficulté, mais plus il avance, plus il a l'impression que la forêt a changé et il a beaucoup de mal à reconnaître les environs : que s'est-il passé au cours des dernières heures ?
Pourtant il va falloir qu'il trouve un abri, peut-être entre les racines émergées d'un grand arbre ou encore sur une grosse branche en hauteur pour échapper aux carnivores de la nuit... Il découvre un sentier qui n'est pas facile à repérer, mais c'est un chemin qui a servi au cours des derniers jours puisque les herbes sont couchées et qu'il y a des traces de pas. Le Petit Poucet suit ce sentier et arrive dans une clairière où il voit une jeune fille blonde de son âge en robe bleu clair :
― Bonjour mademoiselle...
― Tiens donc, de la compagnie...
― Je suis le Petit Poucet et je me suis égaré dans la forêt...
― Bonjour, je suis Alice...
Le Petit Poucet est bien content de rencontrer quelqu'un :
— Al Hisse ? Un peu comme les douze chevaliers de la Table ronde ?
— C'est bien ça et vous donc vous êtes le Petit Ninja, vous êtes une sorte d'elfe qui cherche de l'or, si je comprends bien ?
― de l'Ore ?... Bien, nous sommes sans doute à l'aube d'une grande révolution industrielle, car mes parents veulent se débarrasser de moi et sans doute surtout de mes frères.
― Définitivement ? Ou pour quelques jours, le temps de faire un mouflet de plus ?
― Ah tiens, je n'y avais point pensé.
― Bon, bien, viens, on va aller voir ma tante, elle habite un peu plus loin par là-bas.
― Au fait, j'ai des noisettes... des champignons dans mon panier.
― Dommage, j'aime beaucoup les noisettes, sans vouloir dire que c'est bon avec de la pâte brisée ; cela dit, c'est sûr que quand on n'est pas niais, on est forcément un très grand champion.
Les deux jeunes créatures discutent ou plutôt bavardent et apprennent à se connaître sans vraiment savoir pourquoi le père et la mère du Petit Poucet tenaient tant à se débarrasser de leurs enfants. Certes, il n'y a plus rien à bâfrer dans leur maison, mais cela n'explique sans doute pas tout. Alice n'est certes pas à la place du Petit Poucet qui commence à se demander si la conversation qu'il a entendue ce matin n'était pas qu'une vaste plaisanterie.
Toujours est-il qu'il s'est perdu dans la forêt et qu'Alice est en train de lui parler de ses... copains ou amis, bref, d'une sorte de nouvelle famille :
― Comme John Lloyd disait : rien ne sert d'en savoir plus si c'est pour y comprendre encore moins !
― John Lloyd, c'est ton père ?
― En quelque sorte. En vérité, c'est une sorte de poirier savant qui...
― Alice... je ne sais pas vraiment où aller cette nuit et dans les jours à venir et j'ai peur du grand méchant loup ainsi que de la nuit noire.
― Peur ? De mon oncle, de ma tante, de ma maman, de mon papa, du docteur et de...
― Bien, oui, de tout ça... enfin non, c'est-à-dire que...
― Ah bon ! Tu as peur de la mort en fait, c'est ça ?
― Comment dis-tu, la Maure ? Bien, un peu, c'est une très vilaine sorcière qui dit bien des méchancetés.
Alice pouffe :
― Ah-ah ! Excuse-moi Poucet, mais cela n'est pas vrai, d'ailleurs je ris de me voir si belle en ce miroir.
Le Petit Poucet se sent curieusement bien mieux avoir dit tout ça à son amie. Et il arrive maintenant sur ce chemin à une belle maisonnette qui fait plaisir à voir.
Les deux jeunes personnages entrent dans la maison et Alice lance :
― Bonjour Blanche-Neige, j'amène un nouvel ami : Poucet, prénom Petit !
― Le Petit Poucet ? demande une charmante voix.
― Lui-même...
― Bien, arrivez donc. Il y a du thé noir et du clafoutis sur la table. Cendrillon est allée couper du bois derrière la grange.
― Viens Poucet.
Les deux jeunes êtres s'attablent et Alice verse du thé de la théière aux tasses en porcelaine au jeune héros perdu.
Poucet remarque le bel intérieur de la chaumière, les rideaux rouge et blanc, les fleurs multicolores dans un vase en terre peinte, la belle cuisine et le salon avec des sièges en cuir. La grande cheminée est massive et dedans, il y a des braises avec une marmite dessus. À côté de la cheminée, il y a un endroit qui accueille de grosses bûches...
― C'est ta tante ?
― Oui, j'ai de nombreuses tantes. Tu feras aussi connaissance avec les tribus des Bougnoules et des Métèques si tu restes par ici...
Poucet déjeune tranquillement, mais pas trop, car le repas du soir mijote dans la marmite qui est dans la cheminée et Blanche-Neige apparaît : une belle femme somme toute. Oui, voilà donc sa nouvelle famille...
*** "
Bonne journée. ludwig van.